Vacances, temps de grâce

 

Les vacances sont là de nouveau pour le plus grand bonheur de beaucoup d’entre nous, en n’oubliant pas toutefois qu’un certain nombre, pour diverses raisons, ne bénéficieront pas ou bénéficieront peu de ce temps privilégié de repos, de détente, et de dépaysement. Le dossier de ce numéro d’Eglise dans l’Aube, qui porte sur les « camps d’été » des jeunes, montre que, les vacances, ce n’est pas ne rien faire mais c’est faire autrement.

 

Exceptionnel

Certains considèrent cette occasion des vacances comme une opportunité pour laisser de côté le quotidien. On peut comprendre que par moments, celui-ci soit oppressant et qu’on ait envie de faire une pause, de se vider des contraintes habituelles. Mais s’en tenir à cette seule définition négative des vacances ne serait pas très glorieux.

Je préfère celle qui se dégage de cette analyse des camps d’été des jeunes : les vacances, c’est de l’exceptionnel qui permet de construire, qui est, en l’occurrence, quand on parle des jeunes, au service de leur croissance humaine et spirituelle. Ceci ne veut pas dire que le reste de l’année est atone.

Quand on va à l’école, quand on a des engagements de scouts, de servants d’autels, dans le MRJC ou à la JOC, on grandit aussi. Mais il y a dans ces moments estivaux de camps, de chantiers, d’école de prière, une qualité exceptionnelle, un contexte différent, moins contraint, plus largement ouvert, avec des contacts nouveaux, avec du temps disponible pour déployer des activités et les approfondir. Cela fait que chacun reçoit, est gratifié de manière nouvelle, si bien que si les jeunes n’ont pas de mal à quitter les cahiers et les bancs de l’école ou du lycée, ils ont plus de mal à se quitter après un camp d’été où les activités et les relations ont été intenses.

 

Temps de bonheur

On dit souvent que les vacances doivent être un temps pour prier davantage, pour rencontrer davantage, pour réfléchir davantage… Mais, toujours en se référant aux expériences de vacances des jeunes, on devrait dire aussi qu’elles doivent être un temps pour avoir du bonheur, pour découvrir qu’il y a du bonheur à prier, qu’il y a du bonheur à rencontrer le Christ et ses frères, qu’il y a du bonheur à chercher et à trouver du sens. L’exceptionnel des vacances n’est donc pas seulement dans le fait de faire des choses nouvelles, mais aussi dans le fait de faire de manière nouvelle les choses. Pour que, ce qui dans le quotidien finit par être lassant et répétitif, devienne source de bonheur, il faut en découvrir le sens et la richesse profonds.

Tout a un sens profond, mais nous faisons beaucoup de choses de manière superficielle. Le vrai bénéfice de ce temps qui s’ouvre devant nous, c’est qu’il nous permet mieux de rejoindre ce sens profond et du coup d’être comblés quand nous agissons.

Pour nous, chrétiens, ce sens profond, c’est de participer au projet de Dieu pour les hommes et pour le monde, d’être créateurs avec lui dans nos actions et dans nos relations pour bâtir un monde d’amour, de paix, de justice, d’accomplissement.

Les vacances aussi bien nous sont données pour faire ce que nous avons à faire toute l’année, pour le faire plus librement, plus joyeusement, de manière plus inventive, temps de grâce qui nous prépare à le faire ainsi toute l’année.

 

+ Marc Stenger

Evêque de Troyes