Fleurir : décoration ou théologie ?

 

« Loué sois tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre, qui nous porte et nous nourrit, qui produit la diversité des fruits, avec les fleurs diaprées et les herbes. » (1)

 

En ce mois de mai, mois de Marie, la nature nous offre le jaune des fleurs de colza, le vert tendre des jeunes pousses, le rose et le blanc des arbres fruitiers. Toute cette nature en marche vers l’été nous donnera des fruits divers et variés si les gelées des saints de glace l’épargnent. (2)

 

Toutes ces fleurs, tous ces éléments de la nature nous poussent à la méditation, à la contemplation. « Que tes œuvres sont belles ».

Le psaume 148 invite  « … montagnes et toutes collines, arbres fruitiers et tous les cèdres, bêtes sauvages et tout le bétail, reptiles et oiseaux, rois de la terre et tous les peuples à louer le Seigneur depuis la terre ».

 

Dans nos églises de pierre ou de brique, comment rendre grâce pour toutes ces beautés, qui nous sont offertes ? Comment porter notre prière par quelques bouquets, quelques fleurs ? Les fleurs, fruits de la nature et du travail des Hommes sont comme l’encens, les cendres, les cierges, des symboles de nos vies pleines de richesses et de pauvretés qui rendent grâce et se tournent vers le Seigneur.

 

En écrivant cet éditorial, me revient en tête les premières lignes d’un roman plein de sagesse et d’humour «…L’abbé a rougi, et n’a rien trouvé à répondre. Jamais il n’aurait cru que sa préférence pour les bouquets de Guillemette était manifeste. Seulement le drame est là : Brigitte fait de la décoration, Guillemette de la théologie. » (3).

 

Si chanter c’est prier deux fois, fleurir c’est prier trois fois comme le disait souvent une paroissienne de Saint-Bruno. Fleurir c’est prier avant, pendant et après. Prier pour choisir les fleurs, prier pour composer les bouquets, prier pour rendre grâce.

 

François Bleuze

 (1) Cantique des créatures de saint François(2) Saint Mamère, saint Pancrace, saint Servais qui étaient fêtés jusqu’en 1960 les 11, 12, 13 mai.(3) Dans le roman Monsieur le curé fait sa crise, de Jean Mercier – Edition Quasar – Page 10