La flamme de l’espérance

Une mise à mort, sur la croix, suivie d’une résurrection. Pâques demeure dans l’histoire du monde un événement unique. Pour les chrétiens, il est et doit rester le moment incontournable de l’Espérance. Que serait d’ailleurs la chrétienté sans cet accomplissement dans la résurrection du Christ ? Un épisode sans suite d’un prophète parmi d’autres ?

La difficulté réside toutefois dans l’évocation de Pâques, source de la perspective d’un « après », alors que l’actualité quotidienne se nourrit, notamment, de l’horreur des conflits armés en Ukraine, en Afrique et au Moyen-Orient. D’autant lorsqu’on sait qu’en 2023, 365 millions de chrétiens ont été persécutés, singulièrement en Inde et au Nigéria.

Déceler la place de l’espoir et l’espérance est un exercice périlleux. Il est toutefois l’occasion de rappeler comment l’Église s’est positionnée au fil des siècles face aux conflits armés.

Certaines paraboles ont distillé tantôt le thème de la paix, tantôt celui de comportements plus… réalistes et moins pacifistes. Il fut ainsi question au Moyen Âge, sous la plume de saint Augustin et de saint Thomas, de la notion de « guerre juste ». S’agit-il d’un oxymore ? D’aucuns l’ont traduit en « guerre sainte », peu sensibles aux dérives qui ont ensanglanté certaines populations. Où commence la juste cause lorsqu’elle ne correspond pas à une légitime défense ? La réponse elle-même devient source de conflit.

La logique consiste à marteler le refus et la condamnation de la violence, et donc du recours à la guerre. C’est l’un des piliers du message de Pax Christi, un des points forts de Vatican II. Mais force est de reconnaître que la réalité – et la nature humaine – font fi de cela. Faut-il le rappeler, la liste des pays dans lesquels règnent encore la paix, la démocratie et les libertés individuelles tend à se réduire au détriment des dictatures.

Ainsi, depuis déjà deux ans, la guerre fait rage sur le sol européen. Le bilan serait de plus de 110 000 morts. Aucun organisme international ne parvient à mettre un terme à cette boucherie, malgré les condamnations régulières.

Quel poids peuvent avoir les appels à la paix lancés par l’Église alors que plus aucune règle ne semble être respectée ? Les catholiques citent fréquemment l’apôtre Jean : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». Et d’ajouter : « Je ne vous la donne pas comme le monde donne. » Serait-il donc impossible d’obtenir la paix ici-bas ? Faudrait-il attendre l’autre monde, promis et espéré dans sa dimension céleste ? Ce serait ne pas croire en la flamme de l’Espérance et se résigner aux ténèbres. Triste perspective.

Jean-François LAVILLE