
Chers frères et sœurs,
Cette année 2025 restera marquée par la mort du pape François, le 21 avril, après un pontificat caractérisé par sa tendresse pastorale, son audace évangélique et son appel constant à la miséricorde. Son départ nous a plongés dans une période de deuil, mais aussi d’espérance, car « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 24). Puis vint le Conclave, moment de prière intense où les cardinaux, réunis dans la chapelle Sixtine, se sont laissés guider par l’Esprit Saint. La qualité de la liturgie, la solennité des rites et la profondeur de la prière ont permis à chacun de dépasser les calculs humains pour discerner la volonté de Dieu. « Habemus Papam ! » : le 8 mai, le cardinal Robert Francis Prevost a été élu et a pris le nom de Léon XIV. Son élection, vécue dans la paix et la joie, nous rappelle que « le Pontife romain, en tant que successeur de Pierre, est le principe perpétuel et visible, ainsi que le fondement de l’unité de l’Église ». Ce moment unique nous invite à renouveler notre confiance en l’action de l’Esprit Saint dans l’Église et dans nos propres vies.
2. LA SYNODALITÉ, un chemin pour l’Église, un appel à nous engager ensemble
« Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route » (Psaume 24, 4)
Le Synode sur la synodalité a marqué un tournant dans la vie de l’Église. Le pape François a choisi de confier le document final du synode à l’Église tout entière, en l’intégrant à son magistère ordinaire, sans publier d’exhortation apostolique personnelle ; il a reconnu ainsi le travail de discernement des membres du synode en le prenant à son compte. Ce geste fort montre que la synodalité n’est pas une simple consultation, mais une dimension constitutive de l’Église, où chaque baptisé est appelé à participer activement à la mission. « Ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2, 7) n’est pas réservé à quelques-uns, mais s’adresse à tous, pour que nous marchions ensemble, en écoutant la voix de l’Esprit Saint.
Le document final, approuvé par les membres du Synode, insiste sur la nécessité d’une conversion synodale : « La synodalité exige une conversion du cœur, des mentalités et des structures. Elle nous appelle à passer d’une logique de pouvoir et de contrôle à une logique de service et de communion, où chacun est reconnu comme un sujet actif de la mission de l’Église. »
Je mesure la grâce qui m’a été donnée de participer aux deux sessions du Synode, au cœur de l’Église universelle. Ces moments de prière, de partage et de discernement m’ont profondément marqué. J’y ai vécu l’expérience d’une Église qui écoute, qui dialogue, qui dis cerne et qui cherche à répondre aux appels de Dieu pour notre temps. « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous au- rez délié sur la terre sera délié dans le ciel » (Mt 18, 18). Cette parole du Christ nous rappelle que nos décisions, prises dans la prière et l’écoute mutuelle, ont une portée spirituelle et ecclésiale bien au-delà de nos assemblées.
Le pape François avait lancé un appel fort à toutes les Églises locales, c’est-à-dire les diocèses : s’approprier et mettre en œuvre le fruit du discernement opéré par les membres du Synode. Ce n’est pas un document de plus, mais une feuille de route pour que nos communautés deviennent toujours plus fraternelles, missionnaires et synodales. « Que votre amour soit sincère ; détestez le mal, attachez-vous au bien » (Rm 12, 9). Cela suppose de notre part une conversion permanente, une ouverture à l’autre, et une volonté de marcher ensemble, clercs et laïcs, jeunes et anciens, hommes et femmes, en écoutant la voix de l’Esprit. Le synode propose des pistes concrètes pour avancer en renforçant la participation des laïcs dans la vie de l’Église, en particulier des femmes et des jeunes, pour que les charismes, les vocations et les ministères soient mis au service de la mission3. Il invite à développer une spiritualité synodale, enracinée dans la prière et l’écoute mutuelle, pour que nos décisions reflètent la volonté de Dieu. Il demande également de former tous les fidèles à la synodalité, afin que chacun puisse contribuer à la mission de l’Église avec liberté et responsabilité.
Je vous invite donc à :
- vous engager dans la démarche Territoires et Conversion, en participant activement aux assemblées paroissiales et aux temps de discernement ;
- mettre en œuvre la méthode de conversation spirituelle, qui nous aide à écouter Dieu à travers la parole de l’autre et à écouter l’autre à travers la Parole de Dieu ;
- prier pour que l’Esprit Saint nous guide, afin que nos décisions et nos actions reflètent toujours plus le visage du Christ.
La synodalité ne se décrète pas, elle se vit. C’est pourquoi je souhaite mettre en place, dans notre diocèse de Troyes, une assemblée ecclésiale et synodale où des fidèles de tous états de vie et de diverses conditions sociales et ecclésiales se réuniront à mon appel autour de la Parole de Dieu. Ensemble, nous écouterons ce que l’Esprit murmure à notre Église aujourd’hui. Ce temps de discernement ne sera pas une simple consultation, mais une marche commune, où chacun, avec sa sensibilité et son charisme, contribuera à éclairer les choix qui s’offrent à nous. Quels sont les appels de l’Esprit pour notre diocèse ? Quels chemins de mission, de fraternité ou de conversion devons-nous emprunter ? C’est en nous mettant à l’écoute les uns des autres, dans la prière et le dialogue, que nous pourrons discerner ce que Dieu attend de nous, ici et maintenant.
« Marchez donc d’une manière digne de l’appel qui vous a été adressé » (Ep 4, 1). Que cette année soit pour nous une occasion de vivre pleinement la synodalité, en nous laissant transformer par l’Esprit Saint pour devenir des témoins crédibles de l’Évangile.
2. LA SYNODALITÉ, un appel à découvrir ensemble ce que l’Église de Troyes est appelée à vivre aujourd’hui
« À chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun » (1 Co 12,7)
L’invitation à vivre la synodalité nous conduit naturellement à la troisième étape de notre démarche « Territoires et Conversion » : une réflexion sur la participation de chacun à la mission et à la vie de nos communautés. Nous avons réfléchi à la réalité de nos communautés et à la mission que le Christ confie à chacun de nous et à nos communautés chrétiennes : il nous faut regarder maintenant ce dont nos communautés ont besoin pour être de véritables communautés de fidèles disciples missionnaires du Christ qui vivent et témoignent de l’Évangile, et ce dont elles ont besoin pour mettre en œuvre la mission dans le souffle de l’Esprit. Cette étape nous appelle à reconnaître et à mettre en va- leur les responsabilités, les talents, les charismes et les ministères que l’Esprit Saint a semés parmi nous. Chaque baptisé et confirmé est un acteur essentiel de la vie de l’Église, non pas seulement en vertu de ses compétences humaines, mais parce que « l’onction que vous avez reçue de Lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne ; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, elle est vraie et n’est pas un mensonge » (1 Jn 2, 27).
Nous sommes invités à une humble audace : oser discerner ensemble ce que Dieu attend de l’Église qui est à Troyes aujourd’hui. Cela suppose de reconnaître les dons de chacun – qu’ils soient visibles ou cachés –, de les mettre au service de la mission, et de créer des espaces où tous peuvent s’exprimer et agir. La synodalité n’est pas une fin en soi, mais un chemin pour que notre Église locale devienne toujours plus fraternelle, missionnaire et fidèle à l’Évangile.
Au cœur de notre Église diocésaine, les vocations sont un signe tangible de la fécondité de l’Esprit. Nous rendons grâce pour les séminaristes qui préparent leur cœur à servir le Christ, pour les prêtres et les diacres qui donnent leur vie au service de l’Évangile, ainsi que pour les consacrés et les religieux qui, par leur engagement, rappellent à tous l’appel à la sainteté. Chaque vocation est unique, et c’est une joie profonde de voir ces chemins se dessiner au sein de notre diocèse. Pourtant, cet appel exige aussi un accompagne- ment attentif et bienveillant : discerner ce que Dieu attend de nous n’est pas toujours simple, et chacun a besoin d’être écouté, soutenu et guidé. C’est pourquoi nous sommes tous invités à prier pour les vocations, non seulement pour qu’elles émergent, mais aussi pour qu’elles s’épanouissent dans la fidélité et la paix. Que chaque fidèle, quel que soit son état de vie, puisse trouver dans nos communautés un lieu où son propre charisme est reconnu, encouragé et mis au service du Royaume !
Que cette année soit pour nous une occasion de découvrir la richesse des charismes que l’Esprit a déposés dans le cœur des fidèles au sein de nos communautés, et d’oser les mettre en œuvre avec confiance et créativité. Cette année permettra de commencer le discerne- ment sur d’éventuels ministères institués ou reconnus qui pourraient être confiés à des fidèles laïcs pour le bien de l’Église. « Que chacun reste fidèle au don qu’il a reçu, et qu’il le mette au service des autres » (1 P 4, 10). C’est ainsi que nous construirons ensemble le visage de l’Église que Dieu édifie dans l’Aube.
3. DES FRATERNITÉS MISSIONNAIRES, des « maisonnées » pour vivre et annoncer l’Évangile
« Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20)
Lors de la visite pastorale, j’ai été profondément touché par la vitalité de petites équipes de fidèles qui se réunissent régulièrement pour prier, partager la Parole de Dieu et discerner ensemble comment vivre et annoncer l’Évangile. Ces fraternités missionnaires, que nous pourrions appeler des « maisonnées évangéliques », sont des lieux où la foi se vit dans la simplicité, la confiance et l’audace. Elles rappellent les premières communautés chrétiennes où « la multitude des croyants avait un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32), et où chacun, selon ses dons, contribuait à la mission commune.
Pourquoi former des fraternités missionnaires ? Ces petites communautés ne sont pas des groupes fermés ou des cercles d’initiés, mais des foyers de lumière ouverts sur le monde. Elles répondent à un triple enjeu. Vivre une foi incarnée : dans un monde où l’individualisme et la solitude grandissent, ces fraternités offrent un espace où la foi devient concrète et partagée. « Ayez les mêmes sentiments les uns pour les autres ; soyez pleins d’affection fraternelle, de tendresse et d’humilité » (1 P 3,8). Grandir dans la mission : elles permettent de discerner ensemble comment annoncer l’Évangile dans nos quartiers ou nos villages, nos lieux de travail ou nos cercles de relations. « Al- lez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19). Soutenir les plus fragiles : ces groupes deviennent des lieux d’écoute, de soutien et d’entraide, où personne n’est laissé de côté. « Portez les fardeaux les uns des autres » (Ga 6, 2).
Comment les vivre concrètement ? Je vous invite à former ou rejoindre ces fraternités, en veillant à ce qu’elles soient :
- enracinées dans la Parole et la prière : prendre le temps de méditer l’Évangile, de prier les uns pour les autres, et de célébrer la présence du Christ au milieu de nous.
- ouvertes et accueillantes : ne pas rester entre soi, inviter d’autres à re- joindre le groupe, en particulier ceux qui sont éloignés de l’Église, avoir une prière et une attention pour les réalités de notre monde.
- engagées dans la mission : discerner ensemble une action concrète (visite des malades, partage avec les plus pauvres, annonce de l’Évangile) pour rayonner la lumière du Christ.
Un appel à l’audace et à la créativité. Ces fraternités ne sont pas des structures rigides, mais des lieux de liberté et de créativité, où l’Esprit Saint peut inspirer de nouvelles manières de vivre et d’annoncer la foi. « L’Esprit souffle où il veut » (Jn 3, 8). Osons expérimenter des formes variées : fraternités de quartier ou de village, groupes de jeunes, équipes intergénérationnelles, etc. Laissons-nous surprendre par l’Esprit : accueillons les idées nouvelles, les initiatives inattendues, les appels à sortir de nos zones de confort. Apprenons-nous à nous relier aux autres fraternités : pour que ces groupes ne soient pas isolés, mais en communion avec la paroisse et le diocèse tout entier.
Un signe d’espérance pour notre Église. Les fraternités missionnaires sont bien plus qu’une méthode pastorale : elles sont un signe de l’Église que Dieu établit dans l’Aube. « Vous êtes le Corps du Christ, et chacun pour sa part en est un membre » (1 Co 12, 27). En les formant, nous construisons une Église où chacun a sa place, où la foi est vécue avec joie, et où l’Évangile est annoncé avec audace.
En cette année pastorale, je vous encourage à vous engager dans ces fraternités, ou à en créer de nouvelles. Ensemble, faisons de nos communautés des communautés de lumière et d’espérance, où chacun peut découvrir la beauté de la foi chrétienne.
4. L’ AMÉNAGEMENT DE NOS ÉGLISES : un signe de foi
« Je veux que tu saches comment il faut se comporter dans la maison de Dieu, c’est-à-dire la communauté, l’Église du Dieu vivant, elle qui est le pilier et le soutien de la vérité » (1 Tm 3,15)
En prolongeant le fruit de la visite pastorale, je voudrais souligner le soin que nous portons à nos églises. L’état de nos églises, leur propreté, leur beauté, et surtout la place centrale de l’autel, disent notre foi. Lors de la consécration du nouvel autel de l’église Saint-Julien-l’Hospitalier de Vallant-Saint-Georges, j’ai été frappé par l’émotion de plusieurs fidèles, dont trois personnes très émues, touchées par la liturgie et désirant reprendre leur chemin de foi. « Approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi » (He 10, 22).
Je vous encourage à :
- « tout faire pour la gloire de Dieu » (1 Co 10, 31), en soignant l’aménagement de nos églises, la place de chaque chose, l’accueil des touristes et des fidèles ; la commission diocésaine d’art sacré est à votre disposition pour vous aider dans ce sens ;
- « accueillez-vous les uns les autres comme le Christ vous a accueil- lis » (Rm 15, 7), en veillant à ce que chacun se sente attendu et sache qu’il a sa place ;
- « offrez vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu » (Rm 12, 1), en apportant un grand soin à la liturgie pour qu’elle nous conduise à une offrande de nous-mêmes au Dieu de bonté.
5. LA PRÉPARATION AU MARIAGE : un chemin de foi et de communauté
« Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église » – (Ep 5, 32)
Lors de ma visite pastorale, j’ai participé à une journée de préparation au mariage. Ce temps m’a confirmé que l’accueil des fiancés est déjà une annonce de la foi. La préparation au mariage n’est pas une simple formalité administrative ou une série de rencontres, mais un temps de grâce où l’Église accompagne les fiancés pour qu’ils découvrent la pro- fondeur de leur engagement. Ce chemin est une véritable annonce de l’Évangile, une occasion de révéler aux couples que leur amour est appelé à devenir un signe visible de l’alliance entre le Christ et son Église.
Je vous invite à porter un soin particulier à cette préparation, en veillant à ce que chaque étape soit vécue comme une catéchèse de l’amour :
- accueillir les fiancés avec chaleur et bienveillance, dès le premier contact, pour qu’ils se sentent écoutés et accompagnés ;
- leur proposer un itinéraire spirituel, où la Parole de Dieu, la prière et le témoignage des couples chrétiens occupent une place centrale ;
- impliquer la communauté paroissiale : que les fidèles prient pour eux, les soutiennent, et osent leur partager leur propre expérience de la foi et du mariage.
Le mariage n’est pas seulement une union humaine, mais un sacrement, un don de Dieu qui sanctifie et fortifie l’amour des époux. Nous sommes appelés à témoigner de cette beauté avec audace et douceur, en montrant comment la foi éclaire et transforme la vie conjugale. « Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16).
La communauté tout entière est concernée. Cela peut se traduire de multiples manières. Ainsi, le parrainage spirituel : pourquoi ne pas proposer aux parois- siens d’accompagner les couples de fiancés par leur soutien fraternel et leur prière ? L’accueil des fiancés lors d’un temps de prière et de célébration peut manifester l’importance de leur engagement pour la communauté paroissiale et l’encouragement de leur prière. Bien sûr, le témoignage simple de couples qui vivent leur mariage comme un chemin de sainteté, pour montrer que la foi est une force concrète dans la vie quotidienne.
En prenant soin de cette préparation, nous offrons aux fiancés bien plus qu’une formation : nous leur ouvrons les portes d’une vie conjugale enracinée dans le Christ, où leur amour devient un reflet de la fidélité et de la tendresse de Dieu. « Que le Seigneur vous fasse grandir et abonder dans l’amour les uns pour les autres et pour tous » (1 Th 3, 12).
6. L’ACCUEIL DES CATÉCHUMÈNES ET DES NÉOPHYTES : un souffle nouveau pour nos communautés
« Voici que je fais toutes choses nouvelles » – (Ap 21, 5)
L’arrivée de catéchumènes et de néophytes dans nos paroisses et nos écoles est un signe de vitalité et de grâce pour l’Église en France aujourd’hui. Ces femmes et ces hommes, en chemin vers le baptême ou nouvellement baptisés, nous offrent une occasion unique de re- découvrir la fraîcheur de notre propre foi.
Un don qui nous bouscule et nous enrichit. Les catéchumènes et les néophytes ne sont pas des “bénéficiaires” passifs de notre accompagnement, mais des acteurs de la vie de l’Église. Leur soif de Dieu, leurs questions, leur enthousiasme nous invitent à une conversion pastorale. Ils nous rappellent l’essentiel : la rencontre avec le Christ, la joie de la foi, la puissance de la grâce. Ils nous poussent à sortir de nos routines pour inventer des chemins d’initiation adaptés, où la Parole de Dieu, la prière et la vie fraternelle occupent une place centrale. Ils nous interrogent sur notre manière d’être Église : sommes-nous une communauté accueillante, où chacun peut trouver sa place ?
Une responsabilité communautaire. L’accueil des catéchumènes et des néophytes n’est pas l’affaire de quelques accompagnateurs, mais de toute la communauté. Chaque fidèle est appelé à prier pour eux, en les confiant à l’Esprit Saint qui les guide vers le baptême ou les accompagne dans leurs premiers pas de chrétiens.
Mais également à les intégrer à la vie paroissiale sous ses multiples formes : les inviter aux célébrations, aux temps de partage et de solidarité, aux initiatives missionnaires. Bien sûr, témoigner de sa propre foi avec simplicité, pour qu’ils découvrent que la vie chrétienne est un chemin de joie et d’espérance.
Un appel à la créativité pastorale. Pour répondre à cet enjeu, osons :
- ajuster la vie de nos communautés et de nos écoles pour que les catéchumènes et les néophytes aient la première place, chacun contribuant à s’enrichir mutuellement de nos expériences ;
- organiser des célébrations marquantes notamment aux étapes de leur itinéraire pour les accompagner dans leur chemin vers les sacrements d’initiation ;
- former des accompagnateurs capables d’écouter, de discerner et de transmettre la foi avec humilité et audace ;
- repenser notre manière d’accompagner les catéchumènes et les néophytes en accueillant ce don de l’Esprit qui nous bouscule et nous invite.
Un signe d’espérance pour l’Église. Les catéchumènes et les néophytes sont un cadeau de Dieu pour nos paroisses. Leur présence nous rappelle que l’Église est toujours en chemin, toujours en croissance, appelée à toujours se renouveler. « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2, 9). Accueillons-les comme un signe de l’action de l’Esprit Saint dans notre monde, et lais- sons-nous transformer par leur foi naissante. En prenant soin de leur accompagnement, nous ne faisons pas seulement grandir de nouveaux disciples : nous renouvelons notre propre foi et nous nous préparons à devenir une Église toujours plus missionnaire et fraternelle.
7. TRANSFORMER LES SIGNES DES TEMPS EN SIGNES D’ESPÉRANCE
« Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien » – (Rm 12, 21)
Notre monde est traversé par des défis immenses : violences, divisions, incertitudes, crises sociales, politiques et écologiques. Face à ces réalités, il serait facile de céder au découragement ou à la résignation. Pour- tant, en tant que disciples du Christ, nous sommes appelés à lire ces signes des temps avec les yeux de la foi et à les transformer en signes d’espérance. L’Église, depuis ses origines, a toujours su discerner dans les épreuves des oc- casions de témoigner de l’amour et de la miséricorde de Dieu.
La liturgie, un lieu de conversion et de paix. La liturgie est le cœur battant de notre vie chrétienne. Dans un monde agité, elle nous offre un espace où tout est ordonné à la gloire de Dieu et où nous pouvons expérimenter la paix du Christ. « Que tout se fasse dans la dignité et dans l’ordre » (1 Co 14, 40).
Chaque célébration eucharistique, chaque temps de prière, chaque geste liturgique est une réponse concrète aux désordres du monde. L’écoute de la Parole nous rappelle que Dieu parle encore aujourd’hui, au cœur de nos vies et de nos sociétés. Le partage du Pain de vie nous unit au Christ et nous fortifie pour être des artisans de réconciliation. La beauté des rites jusqu’aux chants et au silence nous aide à élever nos cœurs au-dessus des tumultes du monde.
L’échange des dons. Dans une société où les différences sont trop souvent perçues comme des lieux de tension ou de division, nous, croyants, sommes appelés à en faire des occasions d’enrichissement mutuel et d’échange de dons. Chaque rencontre, chaque culture, chaque par- cours de vie porte en lui une lumière unique, un reflet de la diversité créatrice de Dieu. Dans notre diocèse de Troyes, cette grâce se vit concrètement : l’accueil de prêtres Fidei donum venus partager leur foi et leur expérience, ou encore la présence parmi nous de séminaristes colombiens et centrafricains qui nous offrent leur joie, leur espérance et leur regard neuf sur l’Évangile. Ces échanges ne sont pas à sens unique : en accueillant, nous sommes nous-mêmes transformés et nos communautés grandissent dans la fraternité et l’ouverture du cœur. « Communiquez les uns aux autres les dons que vous avez reçus, comme de bons intendants de la grâce multiple de Dieu » (1 P 4, 10). Ainsi, ce qui pourrait diviser devient, par la force de l’Esprit, un chemin de communion et de croissance pour tous.
Le Conclave et l’élection du pape Léon XIV : un exemple de discernement. L’élection du pape Léon XIV, lors du Conclave de mai 2025, reste un signe d’espérance pour toute l’Église. Malgré les tensions et les défis, les cardinaux ont vécu ce temps dans la prière et le silence, laissant l’Esprit Saint les guider. « Quand l’Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16, 13). Leur discernement, marqué par la liturgie, l’écoute et la fraternité, a abouti à une élection vécue dans la paix et la joie. Ce moment nous rappelle que, même dans les périodes de crise, l’Église peut être un lieu de communion et d’unité si nous nous laissons conduire par l’Esprit.
Des signes concrets d’espérance. Comment transformer les défis de notre temps en occasions de témoigner de l’Évangile ? Par la prière : « Priez sans cesse » (1 Th 5, 17). La prière est notre première réponse aux crises du monde. Elle nous ouvre à la présence de Dieu et nous donne la force d’agir. Par l’accueil et la fraternité : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Dans un monde divisé, nos communautés sont appelées à être des lieux de rencontre et de réconciliation. Par l’engagement pour la justice et la paix : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (Mt 5, 6). Notre foi nous pousse à agir concrètement pour un monde plus juste et plus fraternel.
Un appel à la confiance. « L’espérance ne déçoit pas, car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5). Les signes des temps ne doivent pas nous effrayer, mais nous stimuler à vivre notre foi avec audace. Comme les premiers chrétiens, nous sommes appelés à témoigner de l’espérance dans un monde qui en a tant besoin. « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15). Que nos paroisses, nos écoles, nos familles et nos communautés deviennent des foyers de lumière, où chacun peut découvrir que Dieu agit encore aujourd’hui !
En cette année pastorale, osons transformer les défis en opportunités et les épreuves en signes d’espérance. « Le Seigneur est proche : ne soyez inquiets de rien » (Ph 4, 5-6). Marchons ensemble, avec confiance, vers l’avenir que Dieu nous prépare.
CONCLUSION
« Le Seigneur est proche : ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, présentez vos demandes à Dieu » (Ph 4, 5-6)
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36). Nous avons goûté la grâce de la miséricorde pendant cette année jubilaire ; le Jubilé se clôturera le dimanche 28 décembre prochain, mais la démarche de miséricorde se poursuivra, notamment dans l’accompagnement et le discernement des personnes en situation difficile. « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Elle se traduit notamment dans nos œuvres de miséricorde matérielles et spirituelles.
« Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit » (Rm 12,11). En cette rentrée, osons vivre notre foi avec audace et confiance. Que nos communautés deviennent des communautés de disciples-missionnaires où chacun trouve sa place et où l’Évangile est annoncé avec joie.
Je compte sur votre prière et votre engagement pour que notre diocèse de Troyes soit un signe de l’amour de Dieu au cœur du monde.
Alexandre Joly, évêque de Troyes
Cher Pere Alexandre.
Chaque chemin de conversion est unique , il est le nôtre , le mien, le vôtre.Aujourd’hui, je ne cherche plus à convertir un autre , c’est à dire à l’entraîner vers …
La conversion grandit avec la lecture de la Parole , la rumination, la manducation de celle-ci.Mange – elle deviendra pain de vie ,de ta vie terrestre , et tu en auras toujours soif.Nul part dans votre lettre , il est question de cette éducation, qui est rouage essentiel de la foi .Il ne suffit pas de dire : je suis touché par telle phrase ou tel mot , il faut fouiller et entrer dans la parle , sinon ou peux prendre le risque de mettre la parole dans les tombeaux que l’on a construit pour les prophètes . Nous , peuple choisi, nous devons acclamer la parole de Dieu.
Il y a bientôt 20 ans , je suis devenu laïc cistercien, d’abord à la Grange St Bernard , puis maintenant au Val d’Igny , et bien , chaque jour, je remercie celui qui m’a mis sur cette route souvent chaotique .
Sachez cher Père , que loin de moi de donner une quelconque leçon
Faites grandir le goût et l’amour de la lectio divina monastique afin de faire grandir la louange et la jubilation qui reste en soi très intérieure et personnelle.
Que le Père vous garde dans votre mission et vous bénisse .
Bien fraternellement
Jean Michel