Au 50eme jour de confinement, Monseigneur Marc Stenger a tenu à s’adresser aux catholiques du département.

Le 7 mai 2020

Aux catholiques de l‘Aube

Chers amis,

Je sais qu’un certain nombre d’entre nous ont été déçus à la nouvelle que les célébrations du culte ne reprendraient que le 2 juin, alors que le déconfinement est programmé pour le 11 mai (ce sont les dates d’aujourd’hui qui peuvent encore évoluer). Comme je les comprends !

Mais devant cette déception j’aimerais plutôt m’interroger avec vous pour nous demander : qu’ont été pour nous ces 50 jours que nous venons de vivre et où en sommes-nous aujourd’hui ? Des calendriers, des règles nous sont imposés. Je veux les porter au crédit de ceux qui nous les imposent, y voir leur volonté de « servir le bien commun ». Alors l’essentiel n’est-il pas de nous poser deux questions : que pouvons-nous garder de l’épreuve que nous venons de traverser ? Et qu’avons-nous encore à vivre d’ici le moment où nos activités pourront reprendre avec moins de risques ?

On ne peut pas passer sous silence que beaucoup ont connu des moments difficiles et sortent meurtris de cette période. Maladies, deuils d’êtres aimés, préoccupations pour l’avenir, confinement des familles dans des conditions éprouvantes, préoccupations professionnelles, beaucoup de souffrances. Les prêtres ont fait de nombreux enterrements et pour eux aussi il n’était pas simple de ne pouvoir retrouver ceux pour qui ils sont là. Mais je retiens aussi la formidable vague de fidélité, de confiance, de solidarité, d’attention mutuelle, de foi qui a traversé nos familles et nos communautés pendant cette période. Tous ont cherché de mille manières à rester en lien avec leur Dieu et avec leurs frères humains et les prêtres n’ont pas été les derniers par leurs propositions et leurs actions à montrer à leurs fidèles qu’ils n’étaient pas abandonnés, mais invités à vivre leur vie de chrétiens autrement. Que de fois n’ai-je pas rendu grâce dans mon cœur et dans ma prière pour ce visage que notre Église a su montrer, le visage d’une Église pauvre, traversant le désert, mais toujours suivant la nuée de feu qui accompagnait le peuple d’Israël à sa sortie d’Égypte.

Bien sûr il ne s’agit pas d’ignorer ce qui dans cette épreuve n’a pas été aussi lumineux. Mais que nous ayons pu vivre Pâques avec, au cœur, l’espérance contagieuse dont parle le pape François est un signe que cette Église a été et reste vivante et qu’elle vit du Ressuscité qui l’emmène sur les chemins de l’espérance.

Il va donc falloir tenir encore un peu et vivre la fin de l’année pastorale (la suite aussi sans doute) avec des contraintes que nous ne connaissons pas pour le moment. Le temps qui s’ouvre devant nous n’est pas complètement mesurable, car on ne peut pas encore prévoir toutes les conséquences de la crise du Covid-19. C’est un moment où un certain nombre de responsables, de parents ont peur. Nous avons conscience que ce qu’il faudra vivre est lourd, et nous n’avons pas aujourd’hui toutes les données pour le faire. C’est le moment de nous rappeler l’invitation de Jésus à ses disciples sur le lac de Génésareth : « N’ayez pas peur ». Il faut affronter avec lucidité les incertitudes du moment, mais nous les affronterons d’autant mieux que nous aurons confiance que le Christ nous accompagne.

Ce qui comptera dans les temps à venir – quand bien même nous ne pourrons pas faire, à cause des règles qui nous sont fixées, tout ce que nous aimerions légitimement faire – ce sont les ressources spirituelles dont nous disposons pour bien vivre. Vos prêtres vous connaissent. Ils savent comment faire pour aller à la rencontre de vos attentes et de vos espérances. Et pas seulement vos prêtres. Beaucoup de responsables, aussi, continuent à s’engager pour la vie de la communauté et en particulier des plus pauvres. Enfin n’oublions pas que nous sommes au mois de mai, le mois de Marie. Nous ne pourrons pas aller au pèlerinage de Lourdes cette année, mais nous pourrons être pèlerins avec elle ici, chez nous, dans l’un ou l’autre sanctuaire qui lui est dédié, comme Notre Dame du Chêne, Notre Dame de la Sainte-Espérance, priant avec elle, espérant avec elle. Certains d’ailleurs aussi se retrouvent pour dire ensemble le chapelet et prier avec le texte proposé par le pape François

J’aurais été heureux que nous puissions finir cette année pastorale par notre fête diocésaine pour rendre grâce au Seigneur. Nous attendrons la rentrée, le 3 octobre, pour vivre en diocèse ce temps de joie et d’action de grâce. Ce sera l’occasion de nous retrouver pour un temps de partage et de convivialité. L’après-midi nous nous retrouverons tous à la cathédrale, autour de nos prêtres et de nos diacres, pour une messe d’action de grâce au cours de laquelle seront aussi célébrées des ordinations diaconales.

Mais bientôt c’est la Pentecôte. Elle est depuis quelques années la fête de la Confirmation des adultes de notre diocèse et l’occasion pour nous d’accueillir avec eux l’Esprit Saint qui nous est donné à tous pour faire de nous des disciples « missionnaires ». Nous vous proposerons, pour vivre ce temps d’accueil dans la foi, un itinéraire spirituel qui nous emmènera de l’Ascension à la Pentecôte, comme nous avons pu marcher ensemble pendant la Semaine Sainte. Comme pour la Semaine Sainte vous aurez à votre disposition chaque jour une proposition de prière et de méditation que vous trouverez en particulier sur le site du diocèse. Retrouver l’Esprit de force, de courage, de conseil, d’adoration, sera bienvenu pour nous tous et nous préparera aux mois à venir qui resteront exigeants du point de vue de la vigilance et du « prendre soin » de soi-même et des autres.

Pendant la Semaine Sainte, nous n’avons pas pu célébrer le grand rendez-vous diocésain que représente la messe chrismale, ce moment où, devant le peuple de Dieu rassemblé, l’évêque bénit les huiles qui serviront pour les grandes étapes de notre vie chrétienne durant toute l’année. Il est important que, même si nous ne pouvons pas encore nous rassembler physiquement, cette bénédiction se fasse et que nous soyons nombreux à nous y associer. Nous avons décidé de fixer la cérémonie, au mercredi 20 mai, veille de l’Ascension, à 18h, à la Chapelle Saint Martin. Il n’y aura que l’évêque et ses assistants, mais je vous invite à être en communion diocésaine, en suivant la retransmission en direct sur Facebook ou en différé sur YouTube et sans doute RCF, mais aussi en y participant par votre prière.

Chers amis, bon mois de mai, quelles que soient les indications qui nous seront données sur la possibilité de reprendre les célébrations dans les églises.

Et que Dieu vous bénisse tous.

+ Marc Stenger

Évêque de Troyes

 

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