Concilier la foi et la raison

Il n’est jamais trop tard pour formuler un vœu. D’autant plus si ce vœu est intemporel. C’est le cas pour celui qui se résume ainsi en quelques mots : l’espoir du développement d’un dialogue constructif, raisonné et raisonnable, entre les religions afin d’éviter les conflits qui minent nos sociétés.

 

Tout en écrivant cela, j’ai bien conscience que le ricanement, voire la moquerie de certains lecteurs, n’est pas loin. Peu importe. À quoi bon un vœu s’il ne devait tendre vers un espoir, voire une espérance. Celle d’un mieux-vivre, d’un « vivre ensemble » pour reprendre une expression courante mais peu souvent appliquée dans la réalité.

 

Le « bien-vivre ensemble », certains Aubois ont pu en mesurer toute la richesse lors du débat organisé début décembre à l’espace Argence, en présence des responsables de toutes les religions. Il n’en est pas ressorti la volonté d’une unicité ni d’une domination de l’une sur l’autre. Au contraire chacun reste persuadé de la richesse de ses convictions et d’une nécessaire diversité, mais toujours dans le respect de l’autre. Dans le respect aussi des fondements et des règles qui organisent notre société.

 

La réalité est toutefois têtue et fait fi pour certains d’une telle perspective. Ce qui semble non seulement souhaitable, mais naturel et évident pour ce « bien-vivre ensemble », ne l’est ni pour tous ni partout. Comme si certains ne pouvaient vivre sans s’affirmer dans un conflit permanent, sans une quête de pouvoir et de domination. L’histoire est encombrée de telles dérives et chaque page en est tachée du sang des hommes, des femmes et des enfants. Tous victimes, sachant qu’il n’est jamais de véritable vainqueur dans une telle quête, laquelle n’est qu’un chemin parmi d’autres conduisant au totalitarisme.

 

Seule la raison, une raison partagée par tous, pourrait peut-être limiter certaines crispations. Concilier la foi et la raison était l’un des credo du pape Jean-Paul II dans son encyclique Fides et ratio. Sous réserve, confiait-il, d’accepter la philosophie comme « une aide indispensable pour approfondir l’intelligence de la foi ». Quel bel horizon à atteindre ! Mais, comme tout horizon, serait-il inatteignable ?

 

Jean-François Laville