Billet de l’évêque

« Le chemin synodal est le défi que Dieu attend de son Eglise pour le troisième millénaire » ; lorsque le pape François prononce ces mots, à l’occasion du 50e anniversaire de l’institution du Synode des évêques, il n’y va pas par quatre chemins. L’Église ne peut qu’être synodale. La synodalité n’est pas une mode, ni une option, ni une manière de conduire l’Église : elle fait partie de l’être même de l’Église. En fondant son Église, le Christ a voulu qu’elle soit synodale. Les premières communautés chrétiennes l’avaient bien compris, cherchant à impliquer tous les chrétiens dans la vie et la mission de l’Église. Au fil des siècles, l’articulation entre la dimension synodale et l’organisation hiérarchique n’a pas cessé d’évoluer. Aujourd’hui, le pape François, dans la suite de ses prédécesseurs, en fidélité avec le concile Vatican II, a bien compris qu’il y a là un signe de l’Esprit. Afin d’apparaître au monde telle qu’elle est, afin de remplir la mission qui lui est confiée, l’Église puise sa vie dans la communion du Dieu amour, encourage la participation de chacun pour la mission et l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Les 14 et 15 juin, les évêques se sont réunis à Lyon avec d’autres fidèles laïcs pour discerner, à partir de l’ensemble des synthèses diocésaines, ce que l’Esprit dit à son Église qui est en France. Ce moment unique, au cœur de l’itinéraire synodal voulu par le pape François pour préparer le synode des évêques d’octobre 2023, interpelle notre Eglise particulière, l’Église catholique qui est dans l’Aube.

Nous sommes appelés par Dieu à écouter : écouter l’Esprit, écouter nos frères et sœurs, écouter les cris et les gémissements du monde. L’Église synodale est une Église de l’écoute. Depuis le début de la révélation biblique, Dieu nous invite à écouter : « Shema Israel », « Écoute Israël ».

Dans un monde qui laisse se développer une certaine violence, notamment à travers les réseaux sociaux, dans un pays où les questions politiques peuvent durcir les positions et créer des surdités, Dieu attend des chrétiens l’attitude de l’écoute. L’écoute dans nos familles, dans nos communautés chrétiennes, mais également au cœur de la vie de notre société.

Avec l’écoute, Dieu attend des disciples du Christ le discernement : nous ne nous contentons pas d’écouter, mais nous cherchons à discerner, dans ce que nous écoutons, ce que Dieu nous dit, ce que Dieu attend de nous. Par notre baptême et par le don de l’Esprit, nous avons la capacité à discerner. Toutefois, discerner requiert un apprentissage ; et le vrai discernement est le discernement de la communauté, un discernement que nous posons ensemble.

Lorsque nous cherchons à discerner, les différences de point de vue peuvent devenir des obstacles, des oppositions, voire conduire à des jugements. Là encore, le Seigneur nous a donné son Esprit pour que nous puissions aller au-delà de nos oppositions, que nous puissions dépasser les conflits pour découvrir le chemin qu’Il nous invite à faire. Accueillir la parole de l’autre, sans a priori, pour que l’Esprit Saint nous conduise plus loin, plus haut : l’Esprit surprend toujours, il est le Dieu des surprises, pour celui qui se rend disponible à son action.

L’événement synodal de ces derniers mois, auquel notre diocèse a participé avec enthousiasme, nous montre un chemin de conversion, pour que l’Eglise vive la communion qu’elle puise en Dieu et dans la célébration de l’eucharistie, pour que l’Eglise annonce l’Évangile aux hommes et aux femmes qui demeurent dans l’Aube. Bon chemin !

+ Alexandre Joly
évêque de Troyes