Billet de l’évêque

 

A l’heure où j’écris ces quelques lignes, la guerre fait rage en Ukraine. Un pays -ou plutôt un homme- décide d’envahir un autre pays et n’hésite pas à user de la force pour cela. Nous sommes épouvantés devant une telle violence et plein de compassion pour le peuple ukrainien qui vit des heures sombres. Ce conflit nous touche particulièrement. Il est tout proche de nous, se situe en Europe. Notre pays est assez lié aux deux pays concernés. Mais les conflits sont nombreux dans le monde, avec leur lot d’injustice, de souffrance, de familles blessées, de personnes errantes.

Il est important d’analyser les raisons du conflit au-delà de présentations parfois trop rapides. L’histoire du peuple russe et de l’URSS, l’histoire personnelle de Vladimir Poutine, les choix de l’OTAN, le besoin de sécurité d’un peuple, le sentiment d’injustice du fait d’histoires anciennes, notre timidité et absence de réaction devant d’autres  injustices commises par Poutine ces dernières années, la falsification de la vérité de l’histoire et la désinformation, etc.

Cependant, quoi qu’il en soit, aucune raison ne peut justifier l’invasion d’un pays, aucun motif ne peut légitimer la violence et la destruction. La violence est l’arme des  faibles, de ceux qui ne parviennent pas à écouter l’autre et à dialoguer avec lui, de ceux qui voient en l’autre un danger et veulent le museler d’une manière ou d’une autre. La violence est l’œuvre du mal et entraîne le cœur de ceux qui l’utilisent vers l’esclavage du mal.

Dans le désert, comme nous l’avons entendu à nouveau le premier dimanche de  carême, Jésus n’est pas entré en tentation, il a refusé toute forme de violence, sur la  nature, sur les peuples, sur Dieu. Jésus a fait le choix de réaliser sa mission dans la  fraternité, la patience, l’écoute, le don de soi. Il ira jusqu’au don total de lui-même, un  don qui sauve l’humanité du pouvoir du mal et de la mort.

L’Europe s’est construite sur la fraternité entre les peuples. Nous sommes sans doute  trop focalisés sur les questions économiques. Les valeurs humaines et spirituelles sur  lesquelles a été fondée l’Europe sont premières et doivent retrouver leur juste place.  C’est l’intuition du vénérable Robert Schuman et des autres fondateurs de l’Europe.

Prions et jeûnons pour l’Ukraine et pour la paix. Que la fraternité prenne le pas sur  la violence, que la paix remplace la guerre, que le respect de l’autre efface les désirs  de domination et de soumission. Soyons des artisans de paix et de respect, là où nous  vivons, pour que la paix et le respect de toute personne deviennent la règle générale  des relations humaines.

+ Alexandre Joly
évêque de Troyes