Voyant les foules, Jésus gravit la montagne

 

Cette revue donne une grande place au temps de merci que nous avons pu avoir avec Mgr Stenger. Près de 22 ans d’épiscopat au service de notre diocèse ! J’ai été son proche collaborateur pendant plus de 10 ans. Notre cœur ne peut être indifférent.

Ce mois d’octobre est aussi marqué par l’ordination diaconale d’Hubert Bancaud, ce 17 octobre à Romilly-sur-Seine. Un beau cadeau pour notre diocèse. Nous pouvons aussi nous réjouir avec les jeunes qui vont vivre le sacrement de la confirmation. Le 17 octobre à Piney pour l’espace « Plaine et lacs », puis le 23 octobre à la cathédrale pour l’espace « Agglomération troyenne ».

Les paroisses ont aussi vécu leur temps de rentrée, ouvrant des chemins pour être disciples missionnaires. Le fait de ne pas avoir d’évêque ne doit pas nous empêcher de poursuivre notre mission. Là est l’essentiel. Beaucoup de projets à vivre. Beaucoup de personnes à porter dans notre prière.

Tout cela nous conduit vers cette fête de la Toussaint, où nous allons entendre ce texte des béatitudes dans l’Évangile de Matthieu : heureux, heureux, heureux…

Bien sûr, tout n’est pas si simple dans nos vies. Les difficultés, les épreuves, font que ce bonheur n’est pas toujours la première chose que nous ressentons. Cela ne doit pas nous empêcher de lire ce texte. N’idéalisons pas la vie des foules à qui s’adressait Jésus dans cet Évangile. Elles aussi avaient certainement leurs joies, mais aussi leurs difficultés, leurs souffrances.

Nous pouvons imaginer le regard que Jésus porte sur cette foule. Un regard plein de respect, d’amour, certainement. Quand il leur dit « heureux, heureux… », je pense qu’il ne pose pas sur eux un constat de bonheur qui voudrait dire : « Tu en as de la chance d’être comme cela ». Ce n’est pas une chance par exemple de pleurer quand on souffre. Dans l’ancien testament, ce mot « heureux » avait plutôt un sens d’encouragement, voulait montrer un chemin. Il veut nous montrer comment chacune de ces situations bien concrètes de nos vies peuvent être des chemins vers Dieu, peuvent nous ouvrir à accueillir le Royaume de Dieu, comment le Christ vient nous rejoindre dans ces situations.

Au cœur de ce mois d’octobre, nous avons aussi été marqués par la publication du rapport de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église). Un travail demandé par la Conférence des Évêques de France et la Conférence des Religieux et Religieuses de France.

Ses conclusions sont comme un séisme. Les chiffres dépassent ce que nous pouvions imaginer. Il nous faut voir ce rapport comme une étape essentielle d’un travail de vérité commencé depuis plusieurs années dans l’Église de France. Il nous oblige à regarder cette vérité en face. Oui, ces faits existent, ils sont bien là. Oui, j’ai honte de ce qu’il s’est passé. Oui, il nous a fallu du temps pour prendre en compte à sa juste dimension l’immense souffrance des victimes. Il nous faut aussi maintenant prendre en compte le choc qui en résulte pour les prêtres, pour les chrétiens, pour la société.

Aidés par ce rapport, il nous faut maintenant regarder vers l’avenir. Continuer nos démarches de prévention, aider les victimes à se reconstruire, accompagner les auteurs de ces faits. Il n’y a pas de solution toute faite. Ce rapport était attendu, il est là. Il nous provoque à redoubler d’efforts pour faire de l’Église une maison sûre.

Au moment où arrive la fête de la Toussaint, en contemplant le regard du Christ sur les foules, essayons d’entrer dans ce regard de Dieu sur les hommes et les femmes d’aujourd’hui, sur l’Église. Un regard qui souffre avec ceux qui souffrent. Laissons-nous transformer par lui, afin que nos vies, nos pensées, nos actes, soient toujours plus en communion avec Lui. C’est cela je crois être chrétiens. Découvrir Dieu et chercher à vivre de sa vie, à être communion avec lui.

Père Jérôme Berthier

Administrateur diocésain