Bonjour,
Vous trouverez ci-dessous les vœux de Noël de Mgr Stenger. Il les a dictés depuis sa chambre du centre de rééducation. La partie centrale est un texte qu’il avait écrit en novembre, et qu’il a souhaité intégrer à ses vœux.
Je profite de ce message pour vous donner de ses nouvelles. Après son AVC et un séjour à l’hôpital, il est depuis le 4 décembre dans un centre de rééducation près de l’hôpital de Troyes, où il est très bien suivi. Nous entrons maintenant dans un temps long pour sa récupération. Mais ces éléments me semblent rassurants.
Belles fêtes de Noël à chacune et à chacun, en étant attentifs à prendre soin de vous et de ceux que vous pourrez rencontrer.

Fraternellement
Jérôme Berthier
Vicaire général

Amis diocésains,

Je suis très heureux de vous retrouver en ce beau temps de Noël, au moment où l’enfant de Bethléem nous invite au rendez-vous de la crèche, un rendez-vous d’amour, de paix, de joie et de fraternité.

J’ai été très touché par vos nombreux messages d’amitié et de communion que j’ai reçus, et je m’en suis senti réconforté. A tous un grand merci pour votre prière et votre communion.

Le pape François nous a offert le 4 octobre une encyclique appelée « Fratelli Tutti », permettez-moi de vous partager ces quelques réflexions que m’a inspiré ce texte début novembre :

En ce Noël 2020 où les préoccupations de nos frères humains sont si profondes et si nombreuses, le pape François nous fait le merveilleux cadeau de son encyclique « Fratelli Tutti ». C’est à la lumière de son enseignement que nous voudrions, nous tous, accomplir le mystère du Verbe incarné. Au cœur de son message est affirmé avec insistance combien la dignité de toute personne humaine est sacrée. Le Verbe de Dieu venu en notre monde dans la personne de l’enfant pauvre de Bethléem renverse toutes les hiérarchies, tous les systèmes de pouvoir et de domination en mettant à la première place le plus petit à qui tous, les bergers et les mages, viennent rendre hommage.

« Fratelli Tutti » nous invite à méditer sur la dignité de toute personne et la fraternité qui doit réunir ces personnes entre elles à tous les échelons de relation dans notre vie. Il nous faut donc débusquer toutes les formes de violence dans nos cœurs, nos familles, nos groupes humains, nos instances nationales, internationales ou religieuses. De l’indifférence à la peur, de la violence économique au racisme, de la confiscation des richesses au refus de l’étranger, de l’avortement au sexisme, nous devons refuser activement la violence et découvrir ce qu’est l’Amour entre les hommes, celui-ci n’a rien à voir avec la coexistence des individualismes, ni avec l’illusion de liberté offerte par l’abus des réseaux sociaux. Il nous faut promouvoir une « culture de la rencontre qui aille au-delà des dialectiques qui s’affrontent et qui intègre toutes les périphéries, les pauvres et les faibles. Puisse chaque rencontre provoquer le précieux miracle d’une personne aimable » § 224 qui, s’il vient à se multiplier, agit comme « des étoiles dans l’obscurité d’un monde fermé ».

L’incarnation de l’amour, nous la contemplons dans la vie et la Passion de Jésus. Elle est tissée de liberté : la liberté de son offrande au Père. Elle est tissée de vérité : la vérité de sa Parole à ceux qui l’interrogent. Elle est tissée de l’amour et du pardon pour ceux qui le persécutent. Elle se tisse à nous dans le refus d’avoir recours à la force malgré l’injustice et le mensonge.

Dans l’encyclique « Fratelli Tutti » nous est livrée la vérité radicale et l’exigence de l’Évangile. Nous est révélée aussi la révolution que le Christ a opérée en instaurant la nécessité de la Charité et en invitant ses disciples à aimer comme Il nous a aimés. Notre monde a besoin de la force de l’Evangile et de l’amour que le Christ nous a enseignés alors que certains groupes prônent ouvertement la violence comme mode d’action, pour instaurer un monde prétendument meilleur. « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres »(Jn13, 34-35). « Comme je vous ai aimés » : c’est la seule source chrétienne pour savoir ce qu’est l’amour, une source qui s’est déployée pour la première fois lumineuse, dans la nuit de Bethléem.

Le pape François évoque ceux qui pour lui ont incarné cette révélation, au moment d’écrire ce texte de réflexion sur la fraternité universelle : non seulement Saint François d’Assise, mais aussi des figures non catholiques telles que le Mahatma Gandhi, père de la protestation non violente, mais aussi Martin Luther King, militant pour le mouvement des droits civiques des Noirs américains et aussi Desmond Tutu, archevêque anglican sud-africain, prix Nobel de la Paix pour sa théologie de la réconciliation (§ 286)

Il réserve une place toute particulière au bienheureux Charles de Foucauld (§ 287) « il a orienté le désir du don total de sa personne à Dieu vers l’identification avec les derniers, les abandonnés au fond du désert africain. Il voulait en définitive être « le frère universel ». Mais c’est seulement en s’identifiant avec les derniers qu’il est parvenu à devenir le frère de tous.

Avec le pape François notre souhait et notre prière de Noël est « que Dieu inspire ce rêve à chacun d’entre nous »

Je voudrais profiter de ce message pour rendre hommage au personnel hospitalier, à son dévouement sans compter au service des malades. Vous comprenez que j’en parle en connaissance de cause. Il mérite toute notre reconnaissance et toute notre admiration.

En ce temps de Noël, puisse tous vos vœux se réaliser.

 

+ Marc STENGER
Évêque de Troyes