Vente de Notre-Dame-en-l’Isle : le Saint Siège donne son feu vert !

Monseigneur Alexandre Joly, dans l’interview qu’il vient d’accorder au service communication du diocèse, a souligné l’importance de l’accord donné par le Saint Siège pour la vente à la ville de Troyes de l’actuelle maison diocésaine Notre-Dame-en-l’Isle.

Monseigneur Joly, qu’en est-il du projet de vente de Notre-Dame-en-l’Isle à la ville de Troyes ?

Nous avons mené un grand chemin de discernement et un temps de réflexion. Ce qui a mené à la décision de vendre Notre-Dame-en-l’Isle et d’acquérir l’école Danton à Troyes, plus modeste et plus à notre taille, tout près de la cathédrale. Et vu le montant de cette vente, il fallait obtenir l’autorisation du Saint Siège. Et je viens de recevoir la licence pour effectuer cette opération immobilière. C’est donc un feu vert que je viens de transmettre à François Baroin.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous allons travailler avec les services de la ville de Troyes. Et puis nous allons définir un projet passionnant pour savoir quel projet pastoral et humain nous souhaitons pour la nouvelle maison diocésaine. Un projet de vie, de fraternité, d’ouverture aux plus fragiles, pour une maison qui ait du sens. Un projet qui ait aussi de la souplesse et dans lequel les gens puissent se projeter. Il nous faudra un programme d’architecture pour traduire tout cela.

Quelles dates sont envisagées pour intégrer la nouvelle maison diocésaine ?

Je pense qu’on est à une échéance de trois ans pour intégrer les nouveaux locaux de Danton, trois ou quatre ans peut-être.

Quel serait le projet de la ville de Troyes pour l’avenir de Notre-Dame-en-l’Isle ?

Ce que l’on m’avait présenté comportait un double aspect de mise en valeur du patrimoine et de transmission. Cela correspond d’ailleurs bien à l’histoire de la tête du Bouchon de Champagne.

Entrée en Carême

Nous venons de débuter le Carême, quel sens lui donnez-vous aujourd’hui ?

Je trouve très beau ce qu’a dit Saint Paul, « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ». C’est un projet de joie, de bonheur véritable, de paix, du bien que Dieu vient accomplir. Dieu nous dit « Revenez à moi. Laissez ma bienveillance vous toucher ».

C’est un long cheminement ?

Oui, c’est un long chemin. La réconciliation, la paix intérieure, cela prend du temps. Pour cela on a la possibilité d’une ouverture aux autres dans la générosité et dans le partage, dans la prière. Pour moi, le Carême, c’est un plus, un surcroît de vie, de bien. Mais on sait que pour cela, il y a des choses dont il faut se libérer, le mal, le péché, tout ce qui n’est pas indispensable. Le deuxième aspect, c’est le temps pour l’Église d’accompagner les catéchumènes, ces adultes qui veulent se laisser toucher par Dieu. Ils sont une cinquantaine lors de l’appel décisif lancé cette année. Le Carême est fait pour eux.

A l’approche de Pâques, comment selon vous conserver l’espérance dans un monde de crises et de guerres ?

C’est difficile de garder l’espoir quand on voit ce qui se passe en Ukraine, en Corée du nord, à Taïwan, au Sénégal, au Mali, au Burkina-Faso, au Nicaragua, ou quand on voit les tensions dans certains quartiers. Mais l’Église a pour mission d’apporter l’espérance au monde. Pour dire que dans les situations les plus fermées, dans l’impasse, il y a une espérance à trouver. Y compris à Gaza, avec ce paradoxe que c’est la terre choisie par Dieu pour donner le prince de la paix. Alors que c’est la terre de l’échec, de la revanche, de la violence, de la destruction, en pensant que c’est en détruisant qu’on pense qu’on va protéger. Dans cette terre ravagée, l’Église doit porter l’espérance. A l’inverse, la violence n’apporte qu’un fruit provisoire.

L’année 2023 a été marquée par des changements et de nombreuses nominations dans le diocèse de Troyes. Qu’en est-il pour 2024 ?

Les paroisses restent un socle de référence, et il y a sans cesse besoin d’adapter et de transformer. Ces paroisses constituées autour d’un prêtre ont un modèle des années 50 ou 60 qui n’est pas transposable en 2024. Pour l’avenir il nous faut définir une vraie vie de fraternité, de communauté, pour que la parole de Dieu ait vraiment la première place, et que la dimension missionnaire soit vraiment l’être et la vie de chaque communauté. Nous travaillons cette année sur les communautés. L’année prochaine nous travaillerons sur la mission, et l’année suivante sur les responsabilités et la place de chacun.

Questions diverses

Vous étiez récemment au Kenya dans une rencontre avec d’autres évêques. Qu’en est-il ressorti ?

Nous avons notamment travaillé sur la synodalité. C’est intéressant d’échanger avec des évêques qui n’ont pas la même culture, la même histoire, de construire, de voir nos points d’enrichissement et de désaccord.

Bientôt les Jeux Olympiques, voyez-vous des valeurs communes entre celles du sport et celles promues par l’Église ?

L’apôtre Paul, quand il parle de la vie chrétienne, il la compare à un travail de sportif, à la course. Toutes les valeurs du sport, ce sont celles que l’on partage. Quand ce sont des valeurs d’argent, en revanche, on s’en détache. Mais les JO, c’est la mise en valeur de l’effort, de l’attention à l’autre, de la compétition, de la rencontre entre les personnes, ces sportifs de nations différentes qui parfois se font la guerre, même si certains États font des calculs géopolitiques. C’est aussi la culture du respect, des règles posées, de l’engagement. Et puis c’est aussi la volonté de gagner, ce qui est très positif.

Propos recueillis par Jean-François LAVILLE